Un chantier mené avec le concours d’experts et d’entreprises spécialisées
L’association s’entoure des meilleurs experts en matière de construction et de maintenance d’un navire en bois unique en France. Suite à un appel d’offre, l’Association a fait le choix de confier la maîtrise d’œuvre des travaux de restauration du Grand Carénage à la société Yacht Concept basée à La Rochelle.
Après consultation par Yacht Concept, deux entreprises ont été retenues pour procéder aux travaux de démontage et de réparation :
- la société Asselin, basée en Nouvelle-Aquitaine et spécialisée dans la restauration des menuiseries et charpentes des monuments historiques, a été notifiée pour une partie des lots dont le démontage et la réparation des membrures à l’arrière de la coque.
- le Chantier du Guip, basé en Bretagne et spécialisé dans la construction, la réparation et l’entretien de bateaux en bois (notamment ceux de la Marine nationale), s’est vu confier les travaux de démontage à l’avant du navire (pour procéder aux diagnostics) et les relevés de gabarit des nouvelles pièces à fabriquer.
Au-delà de leur savoir-faire et de leur connaissance de L’Hermione, ces deux entreprises ont répondu positivement à trois enjeux forts pour l’Association : la promotion des métiers du bois, le partage avec le public, et le respect de l’environnement. Ces entreprises ont le label Entreprise du Patrimoine vivant.
Les causes de la dégradation
Les investigations menées ont révélé la présence de champignons à croissance lente sur certaines zones du navire. Les champignons identifiés sont le polypore des caves et le lenzite. Les spores de ces champignons sont présentes dans l’air que nous respirons, mais ne se développent que dans des conditions très spécifiques d’humidité, de température, d’aération et de luminosité. Les bois de la coque de L’Hermione n’ont pas vieilli prématurément, ils ont été attaqués car les conditions favorables au développement de ces champignons étaient réunies.
Les actions menées pour sauver le navire
Une surface d’environ 190 m² de bordés a été déposée pour mener la restauration du navire, soit 1/5e de la surface de la coque (œuvres vives et œuvres mortes). Une fois les travaux de démontage réalisés, les nouvelles pièces de bois sont fabriquées et progressivement remises en place.
Presque toutes les pièces de structure à restaurer ont été remplacées.
Les pièces de bois de la coque avaient été réalisées en chêne massif lors de la construction de L’Hermione. Dans le cadre de la restauration de la frégate, la technique du lamellé-collé a été utilisé, avec du bois de chêne, permettant de pallier aux problématiques d’approvisionnement en pièces de chêne massif (des grandes pièces de bois courbes suffisamment sèches, dont L’Hermione aurait besoin, sont rares). Les pièces de chêne en lamellé-collé à l’époxy ont en outre une meilleure stabilité (moins de risques de déformations et de gerces), une meilleure tenue structurelle, elles peuvent être reproduites en un seul morceau et limitent la propagation de champignons.
À la poupe de la frégate où œuvre la société Asselin, 56 pièces formant l’ossature arrière du navire ont été réparées.
A l’avant du navire, 24 pièces en lamellé-collé et une pièce en bois massif ont été pré-fabriquées à Brest par les équipes du Chantier du Guip. Elles ont ensuite été acheminées à Anglet, ont été façonnées sur place puis installées. 10 autres pièces doivent être taillées puis mises à poste. Au total, 34 pièces de la structure interne seront remplacées, tandis que des pièces saines ont été déposées (pour pouvoir accéder au cœur de la coque) et devront ensuite être remises en place. Enfin, pour assécher et traiter au mieux la cale du navire, les fonds ont été débordés pour être plus accessibles.
Les actions menées pour entretenir le navire
Les travaux liés à la maintenance courante du navire (dépose du lest* pour inspection des bois, dépose de tous les mâts, changement des haubans de hunier, reconditionnement des propulseurs et étude protection cathodique, reprise des mantelets de canons ou encore travail de peinture sur l’ensemble du navire), ainsi que l’ensemble de la mise en chantier permettant les réparations du navire, sont assurés directement par l’équipe de l’Association avec le soutien de ses bénévoles.
L’Association a fait le choix de délester l’ensemble du navire pour accéder à un maximum de zones intérieures de la coque. Ce travail a été rendu possible par l’intervention de nombreux bénévoles venus de la France entière, pour sortir 227 tonnes de lest* du navire. L’objectif pour l’Association était de profiter de cette longue période de carénage pour procéder à un maximum d’inspection, traiter massivement, réaliser des travaux de renfort sur la partie centrale, créer des accès afin de permettre une maintenance préventive plus facile à l’avenir (plus de ventilation et d’aération, des accès facilités pour le traitement, la mise en place de capteurs d’humidité, etc.).