Le grand carénage de L'Hermione, une restauration exceptionnelle

Retrouvez ici toutes les informations sur ce chantier de restauration qui a démarré à l’automne 2021 au port de Bayonne.

Pourquoi un grand carénage ?

Un chantier initié à la suite d’une cale sèche habituelle

A la suite d’un contrôle réglementaire lors d’une cale sèche menée au printemps 2021 au Port Atlantique La Rochelle, la coque de L’Hermione a été inspectée. C’est lors de ce contrôle de maintenance habituelle qu’une détérioration a été constatée sur les bois des bordés* à l’arrière-bâbord de la coque, sous la ligne de flottaison de la frégate. Après un examen poussé de la zone fragilisée, la frégate a prolongé de quelques jours sa période de cale sèche afin de réaliser les travaux de réparation provisoire. La zone dégradée a été réparée avec deux bordés provisoires de 1,3 m de long sur 60 cm de large et 8 cm d’épaisseur. Ces bordés couvrent une zone plus large que la zone dégradée, ils ont été fixés avec des tire-fond puis calfatés pour assurer l’étanchéité de la coque. Une plaque de cuivre a ensuite été clouée par-dessus pour assurer une double étanchéité. Cette réparation temporaire a permis à la frégate de revenir à Rochefort en toute sécurité et d’y être accessible durant toute la saison estivale 2021 pour les visiteurs.
Mais les premières expertises confirment le besoin d’une intervention plus poussée : des dégradations sur les membrures* à l’arrière sont relevées, tandis qu’une pièce de renfort de l’étrave* à l’avant du navire doit aussi être remplacée. D’importants travaux doivent être programmés sans attendre.

Le carénage, qu’es aquo ?

Tous les navires sont régulièrement mis à sec pour entretenir leurs parties immergées. Depuis qu’elle navigue, L’Hermione a bénéficié de 4 carénages (février 2015, juin 2016, avril 2019, juin 2021) au port Atlantique La Rochelle. Sa coque est nettoyée, son antifouling refait et une inspection minutieuse de la coque est faite pour déceler d’éventuels problèmes invisibles et inaccessibles à l’équipage lorsque la frégate est en eau.

Un chantier mené au port de Bayonne, à Anglet

Le Grand Carénage de L’Hermione a commencé à l’automne 2021 au port de Bayonne, pour procéder à des travaux de réparation pérennes. C’est une opération extraordinaire car l’Association doit créer de toutes pièces le mode d’emploi de mise en œuvre de ces travaux de réparation, qui ne sont pas une opération de maintenance courante. Aujourd’hui, il n’existe pas d’expérience équivalente sur d’autres navires.

Il est techniquement impossible de réaliser une cale sèche à Rochefort, port d’attache de la frégate.
Le port de Bayonne, seul port propriété de la région Nouvelle-Aquitaine, répondait aux besoins techniques (tirant d’eau, durée de disponibilité) et structurels de l’Association (accueil des visiteurs, espaces autour de la forme).

Comprendre la situation de L'Hermione

Un chantier mené avec le concours d’experts et d’entreprises spécialisées

L’association s’entoure des meilleurs experts en matière de construction et de maintenance d’un navire en bois unique en France. Suite à un appel d’offre, l’Association a fait le choix de confier la maîtrise d’œuvre des travaux de restauration du Grand Carénage à la société Yacht Concept basée à La Rochelle.
Après consultation par Yacht Concept, deux entreprises ont été retenues pour procéder aux travaux de démontage et de réparation :

  • la société Asselin, basée en Nouvelle-Aquitaine et spécialisée dans la restauration des menuiseries et charpentes des monuments historiques, a été notifiée pour une partie des lots dont le démontage et la réparation des membrures à l’arrière de la coque.
  • le Chantier du Guip, basé en Bretagne et spécialisé dans la construction, la réparation et l’entretien de bateaux en bois (notamment ceux de la Marine nationale), s’est vu confier les travaux de démontage à l’avant du navire (pour procéder aux diagnostics) et les relevés de gabarit des nouvelles pièces à fabriquer.

Au-delà de leur savoir-faire et de leur connaissance de L’Hermione, ces deux entreprises ont répondu positivement à trois enjeux forts pour l’Association : la promotion des métiers du bois, le partage avec le public, et le respect de l’environnement. Ces entreprises ont le label Entreprise du Patrimoine vivant.

Les causes de la dégradation

Les investigations menées ont révélé la présence de champignons à croissance lente sur certaines zones du navire. Les champignons identifiés sont le polypore des caves et le lenzite. Les spores de ces champignons sont présentes dans l’air que nous respirons, mais ne se développent que dans des conditions très spécifiques d’humidité, de température, d’aération et de luminosité. Les bois de la coque de L’Hermione n’ont pas vieilli prématurément, ils ont été attaqués car les conditions favorables au développement de ces champignons étaient réunies.

Les actions menées pour sauver le navire

Une surface d’environ 190 m² de bordés a été déposée pour mener la restauration du navire, soit 1/5e de la surface de la coque (œuvres vives et œuvres mortes). Une fois les travaux de démontage réalisés, les nouvelles pièces de bois sont fabriquées et progressivement remises en place.
Presque toutes les pièces de structure à restaurer ont été remplacées.
Les pièces de bois de la coque avaient été réalisées en chêne massif lors de la construction de L’Hermione. Dans le cadre de la restauration de la frégate, la technique du lamellé-collé a été utilisé, avec du bois de chêne, permettant de pallier aux problématiques d’approvisionnement en pièces de chêne massif (des grandes pièces de bois courbes suffisamment sèches, dont L’Hermione aurait besoin, sont rares). Les pièces de chêne en lamellé-collé à l’époxy ont en outre une meilleure stabilité (moins de risques de déformations et de gerces), une meilleure tenue structurelle, elles peuvent être reproduites en un seul morceau et limitent la propagation de champignons.
À la poupe de la frégate où œuvre la société Asselin, 56 pièces formant l’ossature arrière du navire ont été réparées.

A l’avant du navire, 24 pièces en lamellé-collé et une pièce en bois massif ont été pré-fabriquées à Brest par les équipes du Chantier du Guip. Elles ont ensuite été acheminées à Anglet, ont été façonnées sur place puis installées. 10 autres pièces doivent être taillées puis mises à poste. Au total, 34 pièces de la structure interne seront remplacées, tandis que des pièces saines ont été déposées (pour pouvoir accéder au cœur de la coque) et devront ensuite être remises en place. Enfin, pour assécher et traiter au mieux la cale du navire, les fonds ont été débordés pour être plus accessibles.

Des améliorations pour prévenir le développement de champignons

Plusieurs nouveaux éléments vont être mis en place pour éviter un contexte favorable au développement de champignons : la forme de certaines pièces sera modifiée pour mieux drainer les eaux de cale et mieux ventiler ; des campagnes supplémentaires de traitement préventif antifongique des fonds seront intégrées dans les cycles de maintenance du navire ; le rythme de vie de la frégate évoluera pour qu’elle soit plus souvent au contact de l’eau salée (hivernage à l’étude dans des ports en eau salée). L’Association étudie aussi la possibilité d’installer un système de capteurs pour contrôler plus facilement l’humidité des bois.

Les actions menées pour entretenir le navire

Les travaux liés à la maintenance courante du navire (dépose du lest* pour inspection des bois, dépose de tous les mâts, changement des haubans de hunier, reconditionnement des propulseurs et étude protection cathodique, reprise des mantelets de canons ou encore travail de peinture sur l’ensemble du navire), ainsi que l’ensemble de la mise en chantier permettant les réparations du navire, sont assurés directement par l’équipe de l’Association avec le soutien de ses bénévoles.

L’Association a fait le choix de délester l’ensemble du navire pour accéder à un maximum de zones intérieures de la coque. Ce travail a été rendu possible par l’intervention de nombreux bénévoles venus de la France entière, pour sortir 227 tonnes de lest* du navire. L’objectif pour l’Association était de profiter de cette longue période de carénage pour procéder à un maximum d’inspection, traiter massivement, réaliser des travaux de renfort sur la partie centrale, créer des accès afin de permettre une maintenance préventive plus facile à l’avenir (plus de ventilation et d’aération, des accès facilités pour le traitement, la mise en place de capteurs d’humidité, etc.).

Pour en savoir plus

Retrouvez ici les articles d’actu dans lesquels suivre en détails les étapes de la restauration de L’Hermione.

Soutenir l'Hermione

Participez au relais de la flamme de L’Hermione

Les gabiers et bénévoles de l’association se mobilisent pour faire voyager la flamme de L’Hermione dans plusieurs villes de France jusqu’en novembre 2025, avec pour objectif de sensibiliser le public au soutien nécessaire pour sauver la frégate.
Plusieurs rendez-vous sont programmés :
  • A Anglet, le 27 juillet 2025
  • A Bordeaux, le 25 août 2025
  • A Rochefort, le 30 août 2025
  • A Brest et à Orléans, le 27 septembre 2025
  • En Isère, les 11-12 octobre 2025
  • A La Rochelle, les 4-5 novembre 2025
En savoir plus sur le relais de la flamme de L’Hermione

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