Aujourd’hui, on vous parle de pavillons de navire et notamment celui de L’Hermione. Les visiteurs nous posent souvent cette question : pourquoi L’Hermione ne porte pas le pavillon blanc celui de la Royauté alors que c’est un navire historique ?
Avant de répondre à cette question, pourquoi parle-t-on de pavillon sur un navire et non pas de drapeau ?
Les gens font souvent la confusion entre les deux. La première différence est que le pavillon, terme de marine, est toujours frappé (fixé) à une drisse, le cordage permettant de le hisser. Un drapeau, lui, peut être soit fixé à une hampe, soit frappé à une drisse. La seconde différence est liée à la répartition des couleurs : les largeurs des trois bandes ont des proportions différentes (30, 33 et 37%) pour un pavillon alors que ces largeurs sont identiques pour un drapeau. Cette disposition a été adoptée au XIXe siècle pour des raisons optiques lorsque le pavillon national est battant au vent.
Qu’appelle-t-on un pavillon ?
Jacques Nicolas Bellin, Ingénieur de la Marine et du Dépôt des Plans sous Louis XV en donne la définition suivante en 1756.
« On appelle Pavillons, des bannières faites d’étoffes légères, communément d’étamines, flottantes au gré du vent, attachées à un bâton élevé sur la poupe du vaisseau, qui servent à faire connaître, soit par leur forme, soit par leurs couleurs, de quelle nation est le vaisseau. Chaque nation n’est pas bornée à un seul pavillon ; toutes celles de l’Europe en ont plusieurs tant pour distinguer les vaisseaux de guerre des vaisseaux marchands, que pour marquer le rang des officiers qui les commandent. Plusieurs villes commerçantes en ont aussi de particuliers qu’elles arborent outre celui de la nation… »
(source : trois ponts)
Cette définition n’a pas beaucoup évolué aujourd’hui : c’est une pièce d’étoffe, généralement de forme quadrangulaire, que l’on hisse sur un navire pour indiquer sa nationalité, la compagnie à laquelle il appartient, ou pour communiquer un signal, une information (sanitaire, demande de secours, grade de commandement, etc.).
Ce pavillon est arboré :
« À quai ou au mouillage sur rade foraine : à la poupe, au mât de pavillon à l’arrière du navire, et à la proue, au mât de beaupré (lorsqu’il n’est pas remplacé par le pavillon des FNFL ou une marque distinctive), des couleurs du matin (08 h 00) à celles du soir (heure du coucher du soleil et au plus tard à 20 h 00)
À la mer : à la proue ou à la corne du mât le plus à l’arrière, en permanence.
Sa dimension varie selon la taille du bâtiment, selon les circonstances (cérémonie ou service courant) et selon sa position (à la mer, à quai ou au mouillage sur rade foraine). Il existe 16 tailles de pavillons (La taille n° 16 étant le plus petit pavillon). »
(source : wikipedia)
Rappel historique sur l’origine du pavillon blanc
D’où vient celle couleur blanche sur le pavillon des navires du royaume de France ?
Avant Richelieu
« Avant la réunion des provinces à la couronne de France, et avant la suppression par le cardinal de Richelieu des amirautés provinciales, les amiraux faisaient arborer à leur plaisir les bannières, étendards, enseignes, sur tous les navires de leur juridiction, qui, tous, étaient tenus de prendre, avant de quitter le port d’armement, « l’attache » de l’amiral. C’était l’époque où la marine de guerre ne se composait que des navires des particuliers, grands seigneurs, gouverneurs des provinces, ou grands armateurs et grands commerçants. »
(source : trois ponts)
Après Richelieu
« Lorsque le cardinal de Richelieu réunit la marine de France sous son autorité de grand maître, chef et surintendant général de la navigation et du commerce, les pavillons particuliers disparaissent. L’ordonnance du 9 octobre 1661 affirmait que « le pavillon de la nation française » était le pavillon blanc. Pourquoi le blanc ? Dès le début du quatorzième siècle, le blanc est la couleur des Français, notamment visible sur leur croix d’habit par opposition à la croix rouge des Anglais.
Elle devient un emblème pendant la guerre de Cent Ans et prend une position de plus en plus affirmée à la fin du Moyen-Age. »
(source : trois ponts)
Pendant un siècle et demi, jusqu’en 1790, le pavillon blanc uni, – le pavillon de la marine du roi, qu’il ne faut pas confondre avec le pavillon royal, – flotte à la poupe des vaisseaux de guerre, exception faite des galères : la marine des galères, distincte de la marine des vaisseaux, n’est supprimée qu’en 1748. Leur langage même était différent : les galères avaient l’étendard, et les vaisseaux le pavillon.
Le 24 octobre 1790, l’Assemblée constituante décide d’adopter un nouveau pavillon national. Ce pavillon devait remplacer à la fois les nombreux pavillons bleu et blanc de la marine marchande et le pavillon blanc des vaisseaux de guerre, la réunion de la noblesse et de la bourgeoisie devant se traduire par la fusion du corps des capitaines de commerce et de celui des capitaine des vaisseaux de guerre, de la marine marchande et de la marine de guerre. Un second pavillon national tricolore, est adopté en 1794, qui correspond à la disposition actuelle « bleu au mât, blanc au centre, et rouge flottant ».
Pour revenir à la question du début : pourquoi L’Hermione ne porte pas le pavillon blanc celui de la Royauté alors que c’est un navire historique ?
Eh bien parce que si L’Hermione est une reconstitution la plus fidèle possible à celle du 18ème siècle, il n’en reste pas moins que la frégate navigue bien au 21ème siècle.
C’est un navire de plaisance français respectant les normes de navigation modernes liée à la réglementation internationale. Lorsqu’elle navigue, elle porte le pavillon aux couleurs de la République.
Il faut également noter que même si L’Hermione a été construite sous la monarchie de Louis XVI en 1779, elle a également traversé la période révolutionnaire et navigué sous les couleurs du nouveau pavillon français sous la première République à partir de septembre 1792.
Le pavillon est installé au mat de pavillon à l’arrière de la frégate. Il est amené le matin et abaissé le soir. Selon les occasions, L’Hermione peut arborer d’autres pavillons que celui de la France ou tout simplement les combiner. Cela a été le cas avec le pavillon américain lors du voyage officiel aux Etats-Unis en 2015, mais aussi celui de « Libres ensemble » lors du voyage de 2018, placé sous le signe de la Francophonie. Lors de grands évènements maritimes, elle arbore les pavillons de la ville où elle est accueillie (Brest 2016, Armada de Rouen en 2019…).
Actuellement, l’association mène une opération pour doter L’Hermione de nouvelles voiles. Chaque contributeur verra son nom inscrit sur une flamme créée spécialement pour l’occasion et qui flottera en tête de mât de L’Hermione. En 2014, une immense pavillon avec été baptisé de 10 000 noms représentant les personnes ayant participé au financement du premier jeu de voiles de L’Hermione.