Lundi 20 juillet 2015 :
Personne ne tentera d’affirmer le contraire, n’importe quel bateau, et à fortiori L’Hermione, est un environnement dangereux. Lorsqu’il se produit au milieu d’un océan, n’importe quel incident peut potentiellement avoir des répercussions catastrophiques. Bien entendu, tout est mis en œuvre à bord afin de se prémunir de tels problèmes.
Les nombreuses règles et équipements de sécurité sont notre meilleure défense contre un problème. Restriction de zone fumeur, rondes toutes les heures, sécurité lors de nos mouvements dans le gréement, communication permanente avec l’officier de quart, détecteurs et alertes en tous genres… L’Hermione dispose d’un ensemble d’éléments techniques et de mesures respectées strictement afin d’éviter le pire. Mais la prévention passe également par la répétition des scénarios les moins positifs. A ce titre, des « exercices MOB » (man over board – homme à la mer) avec débordement pour la mise à l’eau du zodiac sont effectués de façon quasi quotidienne par les tiers, de jour comme de nuit. Et régulièrement, nous effectuons un exercice d’abandon de navire suivant différents scénarios. Le plus probable étant l’incendie non-maîtrisé, c’est bien celui-ci qui est le plus fréquemment simulé, comme cela a été le cas aujourd’hui.
Ici, nous sommes partis d’une alerte incendie dans la cale, en cuisine. Dans ce cas, le rondier est détaché sur place afin de vérifier la véracité de l’alerte. Tiphaine s’est donc rendue sur place et a retrouvé Philippe, le chef cuisinier, tentant de maîtriser l’alerte avec un extincteur. Notre exemple partait ensuite du principe que l’incendie ne serait pas maîtrisable. Le « bibou », surnom à bord de l’alerte générale, est alors déclenché par l’officier de quart, en l’occurrence Charlène. L’équipage au complet se rassemble alors sur la dunette et Stéphane et Dominique partent s’équiper en pompiers lourds, pendant que Norbert, le maître charpentier, s’équipe en pompier léger. Les volontaires ayant des qualifications incendies se rassemblent également afin de former des équipes avec les marins professionnels pour déployer les défenses les moins exposées. Puis les pompiers lourds se rendent sur zone pour tenter de maîtriser l’incendie avec des moyens professionnels.
Dans le cadre de notre exercice du jour, le scénario prévoyait un incendie impossible à maîtriser et entrainait donc un second « bibou », cette fois pour un abandon de navire. Déjà assemblés sur la dunette, les volontaires s’ordonnent alors par radeaux de survie. Les gabiers affectés au tiers milieu effectuent la mise à l’eau du zodiac pendant qu’une chaîne humaine se consacre à la distribution des brassières. Au même moment, les chefs de radeaux s’occupent du déhalage des radeaux de survie et à leur installation le long des passavant (lors des exercices, nous n’allons généralement pas jusqu’à cette étape qui impose de défaire les bosses de percussion des radeaux – le système qui permet leur déclenchement automatique – et ajoute donc des manipulations inutiles à ces équipements cruciaux de sécurité). Pendant ce temps, Antoine – le lieutenant navigation – s’occupe de transmettre l’alerte par VHF et satellite.
Au total, entre le premier « bibou » d’alerte incendie et la fin de l’exercice (équipage au complet ordonné par radeau, brassière capelée, radeaux déhalés, MOB à l’eau, évacuation prête à débuter) il s’est produit moins de 10 minutes.
Bien entendu, nous espérons tous que ces mesures et ces exercices resteront à jamais de la prévention. Mais il est rassurant de constater l’efficacité de ce système.
Côté navigation, nous avons eu le droit à une journée complète typique de cette zone de l’Atlantique : du froid, de la brume et pas un souffle de vent. Nous avançons donc au moteur afin de respecter notre horaire d’arrivée à Saint-Pierre. Difficile pour le moment de faire la moindre prévision concernant nos chances de repasser à la voile, les fichiers météo se trompant même sur la situation observable sur le pont. On reste cependant vigilant à la veille afin de guetter les baleines, dauphins et phoques qui font parfois des apparitions furtives le long de la coque.
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