Dans le faux-pont de la frégate se situe une pièce singulière appelée Sainte-Barbe, qui correspond entre autres à la salle de repos de l’équipage aujourd’hui. La Sainte-Barbe est fêtée chaque année le 4 décembre. Mais d’où vient ce nom ? À quoi est-elle associée et quel est son lien avec L’Hermione ?
La légende
Selon la légende, Barbe est un personnage mystique qui serait née d’un père païen à la fin du IIIè siècle. Elle aurait été tuée en martyre par Dioscore, un magistrat romain, sur décision de son père, pour s’être convertie à la religion chrétienne. La légende raconte qu’au moment de l’exécution de Barbe, Dioscore aurait été frappé par un éclair de foudre.
Depuis, Sainte-Barbe protégerait de la « male-mort » c’est-à-dire la mort sans avoir reçu les derniers sacrements, ce qui interdisait aux fidèles d’être enterrés en chrétiens au Moyen-âge.
Elle a fait l’objet d’un culte fervent dans de nombreuses corporations (pétroliers, libraires, étudiants, architectes, mineurs…) dont une quinzaine sont associées à la Sainte-Patronne. Parmi celles-ci, on trouve aussi la corporation des marins pêcheurs. Plusieurs chapelles en Bretagne sont dédiées justement à cette Sainte-Patronne (Le Faouët, Paimpol…), permettant à l’époque de la marine à voiles, de protéger les marins des pirates.
C’est aussi grâce à sa maîtrise du feu, qu’elle fut choisie par les métiers en lien avec les flammes, les éclairs et par extension avec tous les métiers en lien avec l’utilisation du feu. Les artilleurs, canonniers, armuriers, forgerons, mineurs, pompiers lui demandent ainsi sa protection.
Sainte-Barbe : lieu de stockage de la poudre dans les navires
La Saint-Barbe désigne de manière générale l’espace d’un navire où sont entreposés les poudres et matériels d’artillerie. Elle était située au-dessous de la chambre du capitaine. Le maître canonnier, qui y entreposait également une partie de ses ustensiles, disposait de sa propre chambre, la petite sainte-barbe. À tribord, se situait la cabine de l’aumônier, qui faisait partie de l’état-major.
La Sainte-Barbe était équipée d’une double cloison qui la séparait des autres pièces pour la protéger d’éventuelles explosions. La pièce devait être suffisamment ventilée, avoir un éclairage en hauteur pour ne pas être en contact avec la poudre. La pièce devait pouvoir se fermer à clé, être éloignée de la cambuse et des cuisines, mais aussi disposer d’orifices permettant de faire entrer ou sortir de l’eau. C’est en Sainte-Barbe qu’étaient stockés les gargoussiers vides. Il s’agit de sortes de sacs en cuir destinés à recevoir une charge de poudre (la gargousse) et un valet (vieux cordages facilitant l’inflammation de la poudre dans le canon). Les mousses étaient chargés de récupérer ces gargousses de poudre jusqu’en batterie pour charger les canons de 12.
Les réserves de poudre, quant à elles, étaient stockées en fond de cale pour des raisons de sécurité.
Une fausse Sainte-Barbe, lieu de logement des officiers, était placée juste la devant la Sainte-Barbe, accessible par une échelle.
La Sainte-Barbe aujourd’hui
Aujourd’hui, la frégate a conservé cette fonction de lieu de stockage d’explosifs pour la charge des canons. Des marrons de terre (engins explosifs), permettent ainsi d’envoyer une salve de tirs à blanc afin d’annoncer les départs et arrivées de L’Hermione dans les ports.
Le médecin a remplacé à tribord l’aumônier de l’époque et le maître voilier à bâbord. La salle de repos est utilisée par les gabiers volontaires sur leur temps libre en dehors des quarts, cohabitant avec l’infirmerie et les outils du maître de voiliers rangés dans un gros coffre en bois. C’est surtout dans cette pièce qu’arrive une partie de l’appareil à gouverner, permettant de diriger la frégate.
De nombreux pompiers volontaires ont pu intégrer l’équipage depuis les premiers essais en mer et ils jouent un rôle primordial dans la lutte contre d’éventuels départs de feu. Il ne faut pas oublier que l’incendie reste un des dangers majeurs pour L’Hermione d’aujourd’hui.
Merci à tous les pompiers pour leur engagement auprès de notre frégate !