Après sa mise à l’eau en avril 1779, L’Hermione effectue une première campagne le long du Golfe de Gascogne entre mai et octobre de la même année. Cette période d’essai permet au commandant La Touche Tréville d’apprécier les qualités nautiques de la frégate et de mettre à contribution son équipage alors composé de 292 personnes.
LE DOUBLAGE EN CUIVRE
L’Hermione revient à Rochefort le 6 novembre 1779. La Touche Tréville reçoit l’ordre de faire doubler la frégate en cuivre. C’est une des premières frégates françaises à bénéficier de cette innovation expérimentée pour la première fois en Angleterre en 1761. La Touche décrit avec précision dans son journal de bord cette opération. Après avoir été mise en carène sur le rivage de la Charente, la coque est chauffée, les coutures*, la tête des clous et des chevilles sont soigneusement calfatées*, mastiquées avec du mastic de vitrier. Par la suite, est passé un brai* gras très chaud sur lequel est appliquée une feuille de papier enduite d’un léger goudron. Pour terminer, sont posées 1100 feuilles de cuivre, ce qui représente environ 6 tonnes. Ce doublage est destiné à protéger la coque des attaques des tarets* , et à éviter la fixation des algues et des coquillages sur la carène, ce qui améliore la vitesse de la frégate. Dans son journal de bord, le 19 février 1780, La Touche assure que “le doublage en cuivre a infiniment ajouté aux qualités de la frégate. Sa vitesse en est accélérée d’un cinquième et elle porte beaucoup mieux la voile”.
*Coutures : interstices entre deux pièces de bois
*Calfater : étanchéifier le navire
*Brai : goudron utilisé pour remplir les coutures
*Taret : ver marin qui s’attaque au bois
L’ARMEMENT
L’Hermione est réarmée les quinze premiers jours de l’année. 6 mois de vivres, 26 canons de 12, 6 de 6, complétés par 14 pierriers et 4 obusiers sont embarqués. 77 tonneaux de lest sont chargés pour remettre la frégate à son tirant d’eau normal.
L’ÉQUIPAGE
L’équipage est composé de 302 personnes réparti comme suit : – 8 officiers d’état major (commandant, second, lieutenants, aumônier, chirurgien major…) – 62 surnuméraires (gardes de la marine, volontaires, boucher, boulanger, mousses, domestiques…) – 44 officiers mariniers (maître d’équipage, maître charpentier, maître calfat, maître voilier, maître canonnier…) -152 hommes d’équipage dont 12 gabiers, 9 timoniers et 131 matelots -35 soldats
UNE COURTE CAMPAGNE D’ENTRAÎNEMENT
L’Hermione est autorisée à effectuer une courte campagne entre le 23 janvier et le 26 février 1780. L’Hermione appareille le 23 janvier. Elle est halée à la cordelle par 150 hommes au cours d’une laborieuse descente de la Charente. Elle franchit le pertuis breton une semaine plus tard, le 31 janvier. La frégate croise entre le golfe de Gascogne et la baie de Quiberon. Une série de mésaventures ponctue cette sortie. En effet, parvenue au milieu du goulet de Brest, L’Hermione brise son petit mât de hune. Elle est contrainte par la suite d’abandonner une de ses ancres avant de venir chercher le mouillage de Camaret. Cet incident a également entraîné la casse de la grande vergue. Elle mouille à Port des Barques le 19 février. Peu de temps après, L’Hermione reçoit l’ordre du ministre de la marine De Sartine de transporter le marquis de La Fayette à Boston au plus vite, en évitant le risque de rencontres. Cette mission, dans le cadre de la guerre d’indépendance, consiste à prévenir le général Georges Washington de l’envoi au printemps par la France de 6 vaisseaux de ligne et d’environ 5000 hommes d’infanterie.