Vendredi 7 août 2015 :
Et voilà, le temps qui nous sépare de notre retour en France se compte désormais en heures. Difficile de croire que nous sommes partis de Saint-Pierre il y a déjà 2 semaines. Il y a seulement 2 semaines ! Si le voyage se terminera lors de notre retour à Rochefort à la fin du mois, le plus gros est désormais derrière nous.
Nous avons ainsi franchi le cap symbolique des 10 000 miles de L’Hermione il y a 2 jours. Il faut dire que ces derniers temps, nous avons vu de l’eau défiler sous la coque. Encore dans la nuit de mercredi à jeudi, nous nous sommes retrouvés dans le cœur d’une dépression, dans une zone où les vagues n’étaient pas encore formées mais le vent déjà bien présent. Résultat, un quart complet effectué à des vitesses folles, pour une vitesse moyenne finale de 11,25 nœuds sur 4 heures ! Le lendemain, Antoine, l’un des deux lieutenants de L’Hermione, qui était au commande alors n’en revenait toujours pas : « c’était le meilleur quart de ma vie… ».
Après de telles performances, il est devenu presque normal pour nous de voir le GPS indiquer une vitesse supérieure à 9 nœuds pendant des journées entières et de faire plus de 200 miles par 24h. Il est loin le temps de la transat aller ou nous avancions tranquillement à 6 nœuds, faisant des pointes ponctuelles au dessus de 8…
« On connait bien le bateau maintenant, expliquait le commandant hier matin, donc on sait jusqu’où le pousser pour en tirer le meilleur. Avant, on carguait les perroquets à 15 nœuds et on prenait des ris au dessus de 20, cette nuit on a établi le grand perroquet à 17 nœuds, on l’a cargué à plus de 20 nœuds et on avait encore les deux huniers, le perroquet de fougue, la misaine et la grand voile sans le moindre ris à plus de 30 nœuds établis. En fait, aujourd’hui, on exploite L’Hermione comme ils l’exploitaient en 1780. Et clairement, elle aime ça. Imagine, on a croisé un cargo qui faisait du 10,5 nœuds quand nous on avançait à 12,5 nœuds ! »
Faire marcher le bateau de cette façon est cependant fatiguant pour l’équipage qui passe son temps à prendre des ris, les larguer, établir de la toile et la carguer, adapter en permanence la voilure aux conditions de vent et de mer. N’oublions pas qu’en 1780, c’était 120 gabiers qui se trouvaient sur le pont dans les conditions plus sportives. Aujourd’hui, c’est une vingtaine de volontaires qui effectuent le travail. La barre se manipule à 3 ou 4 presque continuellement depuis le départ, les embruns arrosent le pont quotidiennement, quand il ne s’agit pas de vagues complètes qui viennent taper sur la coque et dépasser les passavants !
Clairement, l’Atlantique Nord aura tenu ses promesses, avec de la véritable navigation, de la vitesse, des conditions exigeantes, du mauvais temps et des mers formées. Si nous savons qu’une claque de fatigue nous attend à Brest, personne à bord ne regrette d’avoir vécu un tel périple. Nous aurons tout de même effectué une transatlantique en 2 semaines et demi, un temps incroyablement court…
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