Retour sur la journée du mardi 30 juin 2015 :
Nous avions presque oublié que L’Hermione était un voilier. Et puis voilà, les moteurs se sont éteints, toute la voilure a été établie, et nous retrouvions pour quelques heures « notre » Hermione, celle qui gîte, qui bouge, qui vit avec les vagues, qui file à plus de 7 nœuds par 13 nœuds de vent.
Et ce matin, nous prenions le départ de la régate des Tall Ships aux côtés du Sagres et du Picton Castle. Si nous arrivions sous voile à pleine vitesse au moment du départ, nous devions malheureusement enchaîner un virement vent devant puis un lof pour lof afin de franchir la ligne de départ correctement. Le Sagres a donc pris une confortable avance sur nous puis a profité de sa carène plus moderne et de ses 200 membres d’équipage pour commencer presque immédiatement à nous distancer. Il faut dire qu’à la même allure, le trois-mâts barque portugais parvenait à atteindre 9,5 nœuds quand nous étions à 8 nœuds. Le résultat des plus de 150 ans d’avancées technologiques qui séparent L’Hermione de ce superbe monstre d’acier datant des années 1930.
La nouvelle relève reprend petit à petit ses marques, redécouvre les points de tournages et ses repères à bord, le rythme des quarts et la vie en communauté. Notre petite communauté a d’ailleurs appris à connaître un nouveau membre temporaire : Antonio. Devenu aveugle suite à un accident de la route, Tonio a rejoint le bord grâce à une opération de la région Poitou Charente et nous accompagne jusqu’à New-York. Sportif ayant décidé que son handicap ne l’empêchait pas de vivre des aventures intéressantes, il a déjà à son actif des navigations à la voile, du saut en parachute et autres réjouissances dont sont trop souvent privés les handicapés. Il s’est cependant parfaitement bien intégré à l’équipage, qui s’est montré prévenant en le guidant pendant les premiers moments, lui expliquant le fonctionnement du bateau et les différents pièges qui jonchent le pont pour quelqu’un ne pouvant pas les repérer visuellement. Et nous avons tous été impressionnés par sa capacité presque meilleure que la nôtre à éviter les chevilles à boucle…
Décidé à tirer le meilleur parti de son expérience à bord, Tonio a suivi le rythme des tribordais durant sa présence à bord, grattant la peinture du petit cabestan, faisant la vaisselle, tirant sur les cordages et allant même jusqu’à barrer L’Hermione, d’abord en troisième puis en second barreur. Il attend désormais avec impatience le retour de Jens afin de tenter une ascension dans le gréement…