Mercredi 6 mai 2015 : Le grand saut
Et voilà, les voiles sont établies et les côtes canariennes deviennent progressivement des formes dans la brume derrière nous. Après une dernière visite du maire de Las Palmas qui nous a remis une lettre à confier au maire de Baltimore et, un dernier au revoir aux quelques gabiers ayant débarqué, encore présents sur le quai, nous avons levé la coupée et rentré les aussières, direction l’Amérique.
Un départ que le commandant souhaitait faire à la voile, mais le vent a perpétué sa tradition de « diablerie » en tournant ce matin, nous imposant un démarrage au moteur. Nous n’avions cependant pas encore laissé la digue du port derrière nous que déjà l’équipage au grand complet s’activait sur le pont pour établir toute la voilure. Les centaines de mètres carré de lin de voiles ne nous sont cependant pas d’une grande utilité sachant la faiblesse du vent à l’heure actuelle. Avec 5 nœuds de vent du Nord-Est, notre vitesse n’a rien d’époustouflante.
Une fois la voilure établie, le rythme se mettait en place et, à l’occasion d’une dernière assemblée générale (en mer, l’assemblée se déroule toutes les 4h à l’occasion des changements de quarts et ne réunit donc pas tout l’équipage, uniquement le tiers terminant son quart et celui le débutant), Marc et Bruno nous ont lu la lettre de Barack Obama dont le Consul des Etats-Unis à Bordeaux avait fait la lecture devant François Hollande lors du départ de L’Hermione, le 18 avril dernier.
C’était donc une journée chargée en émotions diverses. Globalement, l’équipage est heureux d’avoir touché terre, et heureux de reprendre la mer. C’est désormais l’heure du grand saut…
La lettre d’Obama traduite :
La Maison Blanche
Washington
Le 16 avril 2015
C’est pour moi un honneur de commémorer avec vous le voyage de l’Hermione et de célébrer ainsi les liens indéfectibles d’amitié et de solidarité tissés entre nos deux Nations.
Depuis plus de deux siècles, les États-Unis d’Amérique et la France sont unis par la liberté dont ils sont mutuellement redevables. Sur les champs de bataille où se joua la victoire de notre révolution, comme sur les plages où débuta la libération de votre continent, des générations entières de nos deux peuples ont défendu les idéaux que nous poursuivons. Ils ont ainsi triomphé, à maintes reprises, de l’obscurité que constituent l’oppression et l’injustice, grâce à la lumière de la liberté et de l’égalité.
L’hommage que nous rendons aujourd’hui aux efforts extraordinaires déployés par le Général Lafayette et le peuple français en faveur de la révolution américaine nous rappelle que notre partenariat avec la France en fait le plus ancien allié de notre Nation. Nous œuvrons toujours à renouveler et à consolider cette alliance, pour qu’elle puisse être fièrement perpétuée par les générations à venir.
Tous mes vœux de succès vous accompagnent en cette grande occasion qui vous réunit. Je m’adresse à présent à l’équipage de l’Hermione : je vous souhaite bon vent et belle mer.
Bon voyage !
Avant le départ, M. Juan José Cardona, Maire de Las Palmas, a remis le message suivant à Yann Cariou. A l’attention de Mme le Maire de Baltimore, Mme Stéphanie Rawlings-Blake, il traversera donc l’Atlantique à bord de la frégate.
Mme le Maire,
A l’occasion du voyage de l’Hermione vers les villes et les sites historiques qui ont marqué la naissance des Etats-Unis d’Amérique, la ville de Las Palmas de Grande Canarie, seule escale de l’Hermione entre la France et les Etats-Unis, souhaite marquer son soutien à ce projet en adressant à cette occasion un message d’amitié à la ville de Baltimore et à sa municipalité.
L’Hermione a jeté symboliquement un pont entre nos deux villes, qui ont l’une et l’autre une grande histoire, une forte tradition maritime et une même volonté de développer leurs liens avec la mer.
L’Hermione, à travers ce voyage exceptionnel, réalise symboliquement un jumelage entre les peuples des deux côtés de l’Atlantique, fondé sur le respect mutuel, la tolérance, et une volonté partagée de mener des projets en commun.
Pour ce qui la concerne, Las Palmas, ville de mer et de culture, ambitionne de devenir une vraie plateforme d’échanges entre l’Amérique, l’Europe et l’Afrique.
Accueillir l’Hermione pour son unique étape européenne avant sa traversée de l’Atlantique est un réel honneur pour la ville de Las Palmas et ses habitants.
Je voudrais exprimer mes félicitations à l’Association Hermione-La Fayette et à son président Benedict Donnelly pour l’oeuvre réalisée et ma gratitude pour le rôle d’ambassadeur et de lien assumé par l’Hermione, porteur d’un message d’amitié et de fraternité pour les citoyens et la ville de Baltimore.
Avec ma sincère considération.
Juan José Cardona