Journal de bord : L’Hermione, de Rochefort à Bayonne
Septembre 2021
– Article actualisé le 23 septembre 2021 –
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- 1.PREMIER JOUR – MERCREDI 8 SEPTEMBRE 2021
- 2.DEUXIÈME JOUR – JEUDI 9 SEPTEMBRE 2021
- 3.TROISIÈME JOUR – VENDREDI 10 SEPTEMBRE 2021
- 4.QUATRIÈME JOUR – SAMEDI 11 SEPTEMBRE 2021
- 5.CINQUIÈME JOUR – DIMANCHE 12 SEPTEMBRE 2021
- 6.SIXIÈME JOUR – LUNDI 13 SEPTEMBRE 2021
- 7.SEPTIÈME JOUR – MARDI 14 SEPTEMBRE 2021
- 8.HUITIÈME JOUR – MERCREDI 15 SEPTEMBRE 2021
- 9.NEUVIÈME JOUR – JEUDI 16 SEPTEMBRE 2021
- 10. NOTRE EQUIPAGE;
- 1.PREMIER JOUR – MERCREDI 8 SEPTEMBRE 2021
Premier jour – Mercredi 8 septembre 2021
À 8 h, l’équipage se réunit sur le pont et entame cette dernière ligne droite avant le départ de L’Hermione vers sa destination bayonnaise et Angloyes.
Le « Muster » est concentré, Jimmy, le second, et Yann Cariou, le commandant, détaillent le programme des jours à venir.
La journée sera rythmée par de nombreuses missions pour les trois tiers du navire. Pour commencer, bâbordais, tribordais et milieux entament leur journée par une remise à jour de leurs connaissances concernant différents rôles comme la barre, la ronde et la veille.
Pour retrouver ces acquis, les gabiers sont accompagnés de leur chef de quart, leur chef de tiers et leur adjoint chef de tiers.
Plusieurs exercices ont lieu du côté de la barre à roue, il est bon de savoir ou se placer en tant que barreur un et barreur deux. Ensuite, l’officier énumère les différents ordres pouvant tomber durant le service.
«3 manetons à droite », « La barre est 3 à droite » ;
« Gouverner au 152 ! » ; « En route au 152 ! »
Pour la ronde sécurité, les gabiers traversent les différents ponts de la frégate pour vérifier les points sensibles du navire. Risque d’incendie, voie d’eau, mouvement des canons, etc.
Vient ensuite le tour de la veille avec son langage spécifique.
Pour terminer cette matinée de formation, de nombreux « exercices MOB » sont organisés pour réagir au plus vite en cas d’Homme à la mer.
L’après-midi, temps de préparation de l’appareillage, tout s’accélère sur le pont. Après un temps de reconnaissance en batterie pour l’engagement de Jean-Louis Frot, ancien maire de Rochefort et l’un des initiateurs du projet de reconstruction de la frégate, le pilote portuaire embarque et la dernière coupée (passerelle) est retirée.
Le public commence à venir en nombre et le bateau porte, véritable « écluse flottante » permettant de fermer la forme Napoléon III commence à s’élever. Le départ approche. l’émotion est palpable.
À 17 h 50, ça y est ! Avec un peu d’avance, les moteurs de la frégate, aidés par les canots des lamaneurs halent lentement les 1 100 tonnes du navire hors de son bassin.
12 coups de canons sont tirés pour saluer le public rochefortais venu en nombre. Nous reviendrons !
Et c’est parti pour 2 h de chenalage dans la Charente. La frégate croise alors la route de nombreux monuments de la Communauté d’Agglomération Rochefort Océan. La Corderie Royale, la fosse de la gardette, le Pont Transbordeur, les forts Lupin, Lapointe, Vauban, Enet et enfin le fort Boyard se succèdent !
La frégate atteint son mouillage à 20 h et fait face au chenal de Boyardville sur l’île d’Oléron.
Deuxième jour – Jeudi 9 septembre 2021
Il est 7 h, la journée commence par un bon petit déjeuner !
Dès 8 h, l’équipage est rassemblé sur le pont pour écouter les consignes du jour. Le commandant et le second effectuent une prise de parole et les rôles sont distribués.
La mission du jour consiste à finir le guindage des mâts pour appareiller dès demain (vendredi 10 septembre) et profiter de la fenêtre météo qui se dessine. Pour y arriver, les tiers se répartissent sur l’ensemble des mâts du navire afin de progresser simultanément et limiter les risques d’emmêlement de manœuvres. La technique s’avère efficace puisque dans la matiné les deux huniers sont à poste ainsi que la vergue de misaine. L’après midi, c’est au tour de la grand vergue de retrouver toute sa hauteur .
Le guindage s’achève par une vaste opération de ridage, technique consistant à raidir le gréement dormant (haubans, étais, etc.). A la fin de la journée, tout est à poste et la frégate est parée au départ.
Troisième jour – Vendredi 10 septembre 2021
Le départ est prévu pour 8h30, après l’assemblée au banc de quart. Bientôt, le littoral charentais sera loin…
Dès le vrombissement des moteurs, l’équipage se met paré à caponer l’ancre. Après avoir été remontée au guindeau, il faut saisir la patte de l’ancre (triangle) avec une griffe qu’il faut ensuite garnir au petit cabestan. Elle pourra ensuite être remontée en poste de mer, le long de la coque. Une fois l’ancre claire, l’Hermione fait route au moteur vers Chassiron.
Après un virement plein sud, les voiles peuvent ensuite être établies. Deux tiers sont mobilisés pour hisser les huniers et le perroquet de fougue, la misaine est bordée. Beaucoup de manœuvres pour se remettre en jambe ! De nombreux brassayages sont effectués, sous la pluie pour régler au mieux la mature à l’allure tribord amure.
C’est la première journée de navigation à la voile qu’effectue la frégate depuis qu’elle a quitté son port d’attache.
Le soir venu et faute de vent, la frégate est mise à la panne (stoppée grâce à l’orientation donnée à ses voiles) à 40 miles de l’estuaire de la Gironde.
Les quarts de nuits se déroulent sans accroc. Les gabiers en profitent pour parfaire leur formation.
Quatrième jour – Samedi 11 septembre 2021
Il est temps de reprendre la route vers le sud !
Aux alentours de 10h, les vergues sont brassées bâbord amure et file plein ouest. Plus tard, un virement lof pour lof est ordonné. La frégate doit contourner le lit du vent pour reprendre sa route vers le sud.
La navigation est belle, de nombreux bancs de thons environnent la coque.
La journée passe et le vent est de plus en plus faible. La frégate avance à une vitesse réduite – entre 2 et 3 nœuds malgré un plan de voilure ambitieux.
Sont établis : Le grand et le petit foc, le petit hunier et la misaine, la grand’voile d’étai, le grand hunier, la voile d’étai d’artimon, le perroquet de fougue et la voile d’artimon.
Par tous les moyens, l’équipage essaye de gagner quelques dixièmes de nœuds, en vain ! Une douce langueur nous gagne… Alors que nous faisons face au bassin d’Arcachon – à près de 40 miles -, il est décidé de mettre de nouveau la frégate a la panne pour improviser un exercice homme à la mer. C’est l’occasion de prendre quelques photos du navire depuis l’extérieur !
Cinquième jour – Dimanche 12 septembre 2021
Le vent est bon et nous filons à 7 nœuds ! Direction le sud et la côte espagnole.
Les quarts s’enchaînent et les sourires se lisent sur les visages : la frégate réagit à la moindre risée et les manœuvres de réglages s’intensifient. Sur le chemin, nous croisons le chemin de nombreux mammifères marins, tels que des Rorquals et des dauphins.
Après quelques heures, les côtes de Cantabrie commencent à se dévoiler. La nuit tombée, nous apercevons même l’entrée de la passe de Pasaia. Les souvenirs refont surface pour ceux d’entre nous qui étions à bord en 2018, lorsque L’Hermione y avait fait escale en mai 2018, durant son voyage méditerranéen « Libres Ensemble ».
Sixième jour – Lundi 13 septembre 2021
Ce lundi, la météo est très changeante. Le ciel nous apparaît chargé et de nombreux grains sont visibles à l’horizon. La navigation à la voile est complexe et l’équipage doit composer avec de nombreuses sautes de vents sous les nuages.
Une pointe à 11 nœuds a même été enregistrée alors que la frégate filait grand largue.
Pour mener à bien cette délicate navigation, de nombreux brasseyages sont effectués pour régler au mieux la voilure.
À la nuit tombée, lors de la prise de quart du tiers bâbord, de nombreux orages sont signalés autour du navire.
Rien d’exceptionnels, mais il faut rester très prudent dans la manœuvre.
La position de la frégate, à cheval entre deux dépressions, l’une située sur le golfe de Gascogne et l’autre au-dessus de l’Espagne, rends la navigation de plus en plus complexe. Les vents sont très changeants et menaces l’intégrité du gréement.
Pour la sécurité du navire et de son équipage, les officiers ont décidé de carguer toutes les voiles et de faire route au moteur vers un mouillage sûr.
Septième jour – Mardi 14 septembre 2021
C’est une journée de repos qui se profile. Alors que la nuit a été rude, rythmée par les orages et les forts coups de vents, L’Hermione a mouillée l’ancre au Pays-Basque Espagnol, du côté de la ville de Lekeitio.
À bord, les journées les plus calmes sont mises à contribution pour nettoyer le navire et permettre à l’équipage de se reposer.
Le grand canot est mis à l’eau via l’action combinée du grand et du petit cabestan et l’équipage en profite pour faire de la voile et de l’aviron autour de l’île « San Nicolas ».
Depuis les premières heures du matin, une petite agitation régnait sur les quais et la plage de Lekeitio, de nombreux curieux se sont pressés le long de la coque, à bord de différentes embarcations, kayaks, paddles, petites unités de pêche, voiliers ou plus simplement, à la nage, nous pouvons affirmer que le public espagnol n’est pas resté insensible aux charmes de L’Hermione.
Au mouillage, le fonctionnement des quarts est différent. Le quart au mouillage commence dès 8 h et s’achève à 18 h. L’équipage a donc utilisé ce temps pour entretenir la frégate et tout le monde (sauf les veilleurs) a pu passer une nuit complète pour reprendre des forces.
Huitième jour – Mercredi 15 septembre 2021
Et c’est reparti, L’Hermione regagne le large, pour retrouver des vents portants et prendre une route nord, nord ouest.
Bien que le départ s’effectue au moteur du fait de l’absence quasi complète de vent, les voiles sont établies très rapidement et une légère brise, commence à agiter les voiles.
La journée se déroule calmement, la vitesse du navire ne dépassant pas les 5 nœuds.
Le soir venu, une fois encore à la prise du quart du tiers bâbord, décidément, de nouveaux et nombreux orages se présentent tout autour de la frégate.
Le navire navigue au près, bâbord amure et tente de s’éloigner le plus possible des zones tumultueuses, une cellule orageuse, venant du tribord grossit et se rapproche au point de frôler le navire aux alentours de minuit.
Fort heureusement, plus de peur que de mal les orages se sont dissipés dans la nuit et la frégate pu reprendre sa route vers l’Adour et le port de Bayonne.
Neuvième jour – Jeudi 16 septembre 2021
Le trait de côte des Pyrénées Atlantique se dessine devant nous ! L’embouchure de l’Adour approche et le pilote est attendu dès 14 h 30 à bord de L’Hermione.
L’approche se fait à la voile jusqu’au dernier moment. Tout est cargué et serré à 14 h et de nombreux navires arrivent, au compte goute à la rencontre de la frégate.
La SNSM et le 1er RPIMa de Bayonne étaient également présents dans la zone.
L’entrée dans l’Adour est magnifique, des milliers de personnes se massent sur les quais pour suivre l’arrivée, rythmée par de nombreux coups de canons. L’arrivée à quai, en zone ISPS est plus calme, mais l’équipage n’en a pas fini pour autant !
Notre équipage
Découvrez en images, les visages de l’équipage du convoyage de L’Hermione entre Rochefort et le port de Bayonne.