Février 2010,
De la ligne de flottaison jusqu’au pavois
Alors que certains charpentiers du Chantier Bernard terminent le bordage des œuvres vives (partie en dessous de la ligne de flottaison) d’autres commencent le calfatage des œuvres mortes (de la ligne de flottaison jusqu’au pavois).
Cette opération commencée depuis le mois de février occupe actuellement deux charpentiers à la proue du navire, et celle-ci va se poursuivre sur la totalité des œuvres mortes de la coque, jusqu’au mois de mai 2010.
Avec la même technique que pour les planchers des ponts, les charpentiers utilisent un fer à calfat et un maillet pour insérer de l’étoupe de chanvre goudronnée et tressée. Pour la coque, l’étoupe de chanvre utilisée est calibrée (3, 5 ou 7 mm) selon l’ouverture du joint entre les bordés.
La deuxième étape, consiste à passer une couche primaire pour protéger le calfat et pour l’accroche du mastic.
Le charpentier va ensuite réaliser sa propre matière, à base de mastic brute et de peinture primaire, qu’il va appliquer entre les joints au pistolet compresseur pour assurer l’étanchéité entre les pièces.
Pour l’étanchéité des œuvres mortes, les charpentiers vont utiliser plus de 400 kg de mastic.
Depuis le 15 octobre 2010 une équipe de 2 personnes du Chantier Bernard a commencé l’opération de calfatage des œuvres vives – la coque sous la flottaison. Le calfatage des œuvres mortes – au dessus de la flottaison – est, quant à lui, déjà réalisé.
Les calfats emploient une technique 100% artisanale qui consiste à faire l’étanchéité entre les planches de bordés à l’aide de chanvre goudronné. Deux sortes de chanvre sont employées : le bitord (fil de chanvre tressé), et l’étoupe (en vrac).
Pour l’étoupe, en fonction du travail à réaliser, les calfats assurent un filage de cordons de chanvre plus ou moins épais. Le filage se fait directement à la main, et la méthode est semblable à celle que les calfats utilisaient à l’époque de la construction de l’Hermione d’origine.
Le chanvre – bitord ou cordon d’étoupe – est enfoncé dans les joints de bordés avec un maillet et des fers à calfat de différentes épaisseurs, choisis en fonction de la dimension des joints. Plusieurs fils et/ou cordons de chanvre peuvent être nécessaires pour assurer une bonne étanchéité des joints.
Cette opération, de longue haleine, représente environ 4 000 heures de travail (œuvres mortes et œuvres vives).
Rien que pour le calfatage des œuvres vives, il y a environ 2 400 m de joints à calfater…
Une fois le calfatage effectué, une opération de masticage est effectuée afin de finir de remplir les joints.
Le 18 Mars 2011, à 15h33, c’est la fin du calfatage de l’Hermione après 1 an, 1 mois et 20 jours d’un travail difficile et répétitif.
C’est le soulagement pour Jacques et Cyril, les calfats du Chantier Bernard.
Les joints des bordés à calfater représentaient 12 km … et 255 kg de chanvre pour assurer l’étanchéité totale de l’Hermione.
Nous étions présents pour recueillir les impressions des calfats.
Jacques, charpentier et calfat depuis 35 ans nous a confié que le calfatage était pour lui une réelle passion. Sur tous les bateaux qu’il a calfatés, « pas une goutte d’eau n’est rentrée » nous a t’il dit.
La technique du calfatage demande de la minutie, de nombreuses petites retouches sont nécessaires et l’expérience est primordiale : « on sait seulement à l’aide du bruit et de la butée du maillet si le travail est bien fait ».
Le choix des matériaux et de leurs épaisseurs est également déterminant dans le résultat obtenu. En outre, ce métier est très physique et n’est pas donné à tout le monde.
Le travail de Jacques et Cyril n’est pas encore terminé. Il reste maintenant à mastiquer les joints de calfatage, encore 2 mois de travail en perspective.