Alors que le froid se dépose sur Rochefort, l’association Hermione – La Fayette vous propose une chronique pleine de réconfort : « la vie à quai » de la frégate Hermione ! Chaque semaine, Inès et Maxime, respectivement gabier-animateur et jeune caméraman, s’infiltrent sur le chantier pour capturer des instants de vie.
Ici on frotte, on perce, on fait des épissures, des surliures, on goudronne. Hein ? Mais pourquoi ? Voici tout l’enjeu de cette chronique : transmettre des savoir-faire techniques et les faire vivre. Avec une soixantaine de bénévoles, plus de 200 gabiers et la vingtaine de professionnels capables d’entretenir et de manœuvrer à la manière du XVIIIᵉ siècle, l’association tient ses promesses. Néanmoins, transmettre c’est surtout s’adresser à tous. Cette chronique s’adresse donc aux amoureux de l’Hermione, à ceux qui nous soutiennent de loin, aux passionnés de bateaux modernes et anciens, à ceux qui rêvent d’aventures partagées, aux curieux qui veulent glisser le bout du nez dans une vie de chantier.
Vous croiserez au détour des ateliers les matelots qui encadrent la maintenance chaque jour, les gabiers, les bénévoles, les artisans, nos visiteurs. On vous dit tout, presque tout. Au programme de ce premier numéro : du lavage de pont, l’entretien des cordages et du parcours de visite, beaucoup de présentations et un zeste de fou rire !
Tandis que la clinique des poulies continue, le gréage des vergues a sérieusement commencé. Il s’agit de réhabiller les belles de tous leurs cordages et poulies, après les avoir remises à neuf. Après avoir défait il faut donc refaire.
On revêt d’abord la vergue des éléments qui permettront aux gabiers d’y travailler en toute sécurité : le marche-pied1 et la main courante2. L’amarrage du marche-pied est notamment l’occasion de réviser son amarrage plat.
Petite révision de l’amarrage plat
Quelle est l’utilité de l’amarrage plat ?
Ce noeud vous permet de lier solidement deux cordages ensemble. Lorsqu’il est bien fait, les deux cordages sont pratiquement fixés l’un à l’autre et il ne doit pas y avoir de jeu entre eux. L’amarrage doit être solide car, pour l’exemple du marche-pied, une vingtaine de gabiers circuleront bientôt sur ce cordage à quelques dizaines mètres de hauteur. Dans ce contexte, le droit à l’erreur on évite d’en parler voire même d’y penser !
La petite difficulté : L’amarrage plat doit être maintenu sous tension à l’aide du maillet durant sa réalisation, hors bien souvent le bitord (cordage) utilisé pour le faire se rompt lors de la passe finale. Il faut recommencer à zéro. Faire et défaire, une loi du quotidien sur le chantier !
L’amarrage plat n’est qu’une étape dans l’amarrage de ces cordages à la vergue, vient ensuite l’éprouvante liure. Jeff, Mathilde et Vincent s’appliquent ici sur une des liures de la grande vergue servant à maintenir les marchepieds et la main courante dans les cavaliers3. La liure vient faire une dizaine de tours autour de la vergue. La complexité de la tâche est de conserver le maximum de tension dans le cordage tout au long de l’opération. L’un met le cordage sous tension à l’aide d’un maillet, les autres l’accompagnent avec des pinces et veillent à ce que le cordage circule sans se chevaucher et sans s’espacer. Maintenir la tension des amarrages est un véritable effort physique pour les gabiers.
1 marche-pied : cordage présent sous chaque vergue permettant aux gabiers de circuler lors de leur travail.
2 main courante : ligne de vie en synthétique située au-dessus de la vergue. Les gabiers y capellent leurs mousquetons.
3 cavaliers : pièces en bois placées au-dessus de la vergue permettant d’assurer la bonne tenue du marche-pied et de la main courante.