Mardi 23 juin : Après le départ de Baltimore, L’Hermione a été prise dans un gros orage. Au programme des rafales à 55 noeuds et un mur de pluie.
Drôle de journée que ce mardi. Après notre départ de Baltimore, nous avons descendu la Chesapeake en direction d’un canal nous permettant de rejoindre la Delaware River. Sous une chaleur étouffante et humide, les gabiers ont travaillé durant une grande partie de la journée à l’entretien du bateau, entre travaux de peinture et couture sur le petit foc de rechange.
Puis en fin d’après midi, un orage non annoncé s’est approché à une vitesse démentielle. Le ciel s’est légèrement couvert de brume, puis en quelques minutes s’est obscurci, ne s’illuminant que grâce aux nombreux éclairs.
Nous avons vu le front s’approcher sur l’eau, devenant progressivement blanche tandis que le vent en balayait la surface. En quelques secondes, les bourrasques atteignaient les 55 nœuds, allant jusqu’à faire gîter le bateau entre 10 et 15° bien que nous ne portions pas une voile !
Quelques secondes plus tard c’était au tour de la pluie de se joindre à la fête. Un véritable mur d’eau supprimant toute visibilité et trempant jusqu’aux os les gabiers encore sur le pont.
La tempête s’est montrée tellement violente qu’un gigantesque « roro » (pour roll-on – roll-off, un cargo transportant notamment des voitures) a cassé l’ensemble de ses aussières, est parti à la dérive et s’est échoué à l’endroit exact où nous devions mouiller quelques minutes plus tard.
En moins d’une heure, le calme total était revenu et ne subsistait de la tempête que de l’eau sur le pont, un ciel grisé et une atmosphère enfin un peu rafraichie.
Nous finissions donc par mouiller l’ancre, pensant que cette journée toute en contraste était enfin terminée. Mais la nature nous avait réservée une dernière surprise, avec un coucher de soleil avec les couleurs les plus étonnantes qu’il nous ait été donné de voir. Le paysage semblait sépia, baigné dans une lueur jaune orangée sous un ciel moutonné, presque noir et blanc. Les photos qui accompagnent cet article sont ainsi à peine retouchées, juste assez pour réellement retransmettre le spectacle unique et étrange qui se jouait devant nos yeux.