Vendredi 17 octobre
Après une nuit au mouillage dans la baie de Camaret, on lève l’ancre afin de prendre la direction de la rade de Brest.
Spectaculaires, les côtes bretonnes défilent sous nos yeux alors que nous avançons tranquillement, portés par les huniers (les voiles du milieu sur le mât de misaine – petit hunier – et le grand mât – grand hunier, qui sont les « tracteurs » du bateau). On croise nombre de bateaux militaires, dont l’Abeille Bourbon ainsi que des zodiacs de commandos de Marine qui disparaissent aussi vite qu’ils sont arrivés. Nous nous retrouvons à proximité de Brest avec un peu d’avance et en attendant l’arrivée du pilote à 13h, nous tournons dans la rade et mettons le bateau au clair. Une partie de l’équipage monte donc sur les vergues afin de rabanter toutes les voiles et de ranger les bosses de ris. L’excitation de retrouver la terre ferme et de décompresser après une semaine difficile est certes palpable, mais le gabier de L’Hermione est un animal d’altitude : perché sur les vergues 30 mètres au dessus du pont, l’équipage est dans son élément et les visages sont tous illuminés par des sourires.
Le vent souffle fort et la manœuvre d’appontage est un moment de concentration intense. Mais l’ensemble se passe bien et vers 15h, un premier tiers reçoit l’autorisation de quitter le bord. Nous sommes tous un peu déçus de nous retrouver loin dans l’arsenal, plutôt que sur la Penfeld. Mais il s’agit surtout pour nous d’une occasion de souffler et de nous détendre pour quelques heures avant de repartir dès dimanche matin. On en profite également pour refaire un plein de vivres et pour remettre le bateau au clair avant d’affronter une nouvelle semaine d’automne en mer.
Le tiers de service ne manque donc pas de travail, sur le pont et dans la mâture. Quand aux deux autres tiers, ils vont profiter de l’atmosphère brestoise…
Samedi 18 octobre
Réveil difficile pour beaucoup. Renforcé par l’ambiance attristée par le départ de quelques volontaires qui laissent leur place à d’autres nouveaux dans l’après midi.
Avec 150 personnes à former environ et 54 places de volontaires à bord seulement, il est nécessaire d’avoir une véritable rotation parmi les membres de l’équipage pour que tout le monde connaisse la navigation sur un tel bateau avant le voyage de l’année prochaine.
La matinée est occupée par un cours de matelotage donné par Jens, notre bosco (maître d’équipage) suédois. Véritable personnalité, aussi attachant et adorable que compétent, il nous explique donc l’art de faire des nœuds à grands renforts de bruitages, mimiques et jurons en anglais. L’ambiance est détendue et conviviale. Tout le monde s’entraide et, ceux qui comprennent, expliquent aux autres leurs trucs et moyens mnémotechniques : « Bon, tu fais un poisson, tu prends ton courant et tu barres le poisson… ».
L’après midi, des petits groupes de volontaires partent dans Brest pour se balader ou faire des emplettes, tandis que le quart de service profite d’un cours de voilerie donnée par Anne, le maître voilier à bord. Une 40aine d’entre nous se retrouve ensuite le soir pour manger ensemble, mais beaucoup rejoignent le bateau rapidement ensuite : dimanche, c’est assemblée générale à 8h, poste de manœuvres, et appareillage vers 10h.
A la semaine prochaine, Brest.