Corsaires, pirates, flibustiers, quelles différences ?

Pirates, corsaires et flibustiers sont autant de noms qui, bien qu’ils se rapportent à l’histoire de la piraterie, ne portent pas la même signification. Mais alors, qu’est-ce qui les différencie? Ont-ils réellement vécu ou sont-ils pure légende? Les bateaux pirates et leur pavillon noir à tête de mort évoquent de grandes chasses aux trésors, des abordages barbares et des batailles en haute mer. Barberousse, Barbe Noire, Black Bart, Barbe Rouge, ces noms nous rappellent à tous sans doute quelque chose. Ils ont intéressé de nombreux historiens, inspiré des écrivains et se sont même fait leur place au cinéma tant les histoires de pirates continuent à nous fasciner. Alors, montons sur le pont et armés de notre sabre, faisons la lumière sur l’existence de ces hommes légendaires qui ont marqué l’histoire des mers et des océans.

L’âge d’or des pirates et des corsaires

La découverte du Nouveau Monde par Christophe Colomb en 1492 a ouvert la voie à de nouvelles routes maritimes et commerciales entre l’Europe, l’Amérique et l’Afrique. La mer des Caraïbes est un lieu de passage obligé pour les cargos de marchandises qui transitent entre les différents ports sur ces continents. Le commerce est prospère et les grandes puissances s’échangent des richesses qui attirent les convoitises de ces marins hors-la-loi.

Les pirates et corsaires, bien qu’il en existe toujours aujourd’hui, ont connu leur période de prospérité. Elle s’étend sur une durée d’environ 100 ans, entre 1650 et 1730. Ils existaient avant et notamment dans les mers des caraïbes mais c’est au XVIIe siècle que leur activité connaît le plus d’essor.

Les pierres précieuses, l’or et l’argent sont très convoités par les bandits des mers. Mais pas seulement. Les cargaisons de café, de sucre, de rhum, de cacao et de tabac qui tombent entre leurs mains ont aussi beaucoup de valeur. Les pirates acheminent les marchandises volées dans les ports et écoulent leur butin auprès des marchands locaux.

Définition et différences de statut entre les pirates et les corsaires

Qu’est-ce qu’un pirate ?

Le mot pirate vient du latin “pirata” : celui qui tente la fortune. Un pirate est un hors-la-loi parcourant les mers et pillant les navires sans distinction et pour son propre compte. Il n’est soumis à aucun code d’honneur si ce n’est le sien, le code des pirates. Les pirates ne font allégeance qu’à eux-mêmes et ne travaillent pas pour le compte du gouvernement. Cela implique que tous les crimes sont permis sans restriction. Les actes de piraterie sont sévèrement punis car un pirate arrêté est pendu sans aucune forme de procès. La société considère le pirate comme un bandit et il ne jouit donc d’aucun droit à la différence du corsaire.

Qu’est ce qu’un corsaire ?

Le nom corsaire, dérivé du latin “cursus” veut dire “cours”. Il fait référence à un bâtiment (navire) qui, en temps de guerre, était armé en vertu d’une commission du gouvernement. Les bateaux corsaires étaient mandatés par le gouvernement pour mener l’abordage sur des navires ennemis. C’est là toute la différence avec les pirates. Le corsaire attaque des navires marchands appartenant aux ennemis de la couronne et ne s’en prend qu’au butin.

Le gouvernement protège les corsaires par un ordre de course (lettre de course). Ils sont soumis à des règles et ne pillent que sur demande.

A la différence des pirates, les corsaires, grâce à leurs lettres de course, ne sont pas pendus lorsqu’ils sont arrêtés. Ils sont considérés comme des prisonniers de guerre en attente de jugement et ont les mêmes droits.

Le Nouveau Monde abrite beaucoup d’histoires de pirates qui sont anglais, irlandais, espagnols ou portugais. Mais de nombreux corsaires et pirates reconnus étaient français.

Parmi eux, il est difficile de ne pas citer Jean Bart, le corsaire qui sauva la France de la famine. Nous retiendrons aussi  parmi les pirates célèbres de France le nom de François l’Olonnais, particulièrement sanguinaire, dont la cruauté était telle qu’elle lui a valu le surnom de “Fléau des Espagnols”. Il s’attaquait tout particulièrement aux navires Portugais et Espagnols. Il connut une fin tragique : capturé sur les côtes du Panama après le naufrage de son vaisseau, il fut dévoré par des indiens cannibales.

Les corsaires au service de la couronne

Les corsaires ne sont pas des membres à part entière de la Marine royale car ils ne sont appelés qu’en temps de guerre. Ils sont autorisés à attaquer uniquement s’ils ont la lettre de marque de leur gouverneur. Les navires qui sont pris sont saisis et une partie du butin sert à payer la couronne. Le reste est pour le capitaine corsaire et ses hommes. Une fois la guerre terminée, le corsaire n’est plus sous mandat et donc plus lié à la couronne. Cependant, pendant les combats ils sont considérés au même titre que les matelots de la Marine royale.

De corsaire à pirate, il n’y a qu’une lettre de marque

Puisque le corsaire n’est pas membre de la Marine royale, aussitôt que les combats cessent, il se retrouve au chômage. Nombreux sont les corsaires qui, d’abord au service du roi, sont finalement devenus brigands. Les lettres de marque protègent et payent les corsaires le temps de la bataille mais une fois terminée, ils n’ont plus de moyen de subsistance. Excellents marins qu’ils sont, ils sont entraînés et aussi expérimentés que les pirates pour le pillage et la capture des riches navires marchands. Les anciens corsaires savent que les cargaisons des expéditions commerciales sont pleines de denrées précieuses. Préférant la piraterie à la pauvreté, certains d’entre eux délaissent les ordres de leur souverain pour s’adonner au brigandage.

Le cas spécifique des flibustiers

Le flibustier est un pirate de la mer des Antilles. Il œuvre notamment au XVII et XVIIIe siècle et uniquement dans la mer des Caraïbes. Les flibustiers ont un mode opératoire proche de celui des pirates car ils donnent l’assaut pour eux-même, mais peuvent être ponctuellement appelés à passer contrat avec les gouvernements lorsque ceux-ci manquent d’équipage.

L’importance des lettres de marques dans le statut des marins

Une lettre de marques permet au capitaine d’un navire d’attaquer un autre navire étranger sous couverture d’une autorisation royale. Il existe plusieurs catégories de lettres de marques. La première autorise l’attaque de la marine marchande ennemie et de capturer les prisonniers. Ce type de lettre porte un ordre de “guerre de course”. Le second type de lettre porte un ordre de “guerre et marchandise”. Armé plus légèrement, le navire peut embarquer des denrées commerciales.

Le rêve pirate : une démocratie égalitaire

En avance sur leur temps, les pirates vivaient sous le régime de la démocratie. Loin des clichés disant que le capitaine des pirates avait tous les pouvoirs et tous les droits sur ses hommes, les pirates étaient tous traités sur un même pied d’égalité. Une autre différence entre les pirates et les corsaires est que les pirates disposaient d’un conseil commun. Le conseil commun est une institution établie et composée de tous les hommes présents sur le navire. Tous les pirates y participent sans exception. Ce conseil commun permet de faire respecter la volonté commune avant la volonté individuelle pour prendre les décisions pour le groupe. Le capitaine n’a pour son titre que l’attribution des décisions lors des combats pendant lesquels son autorité est incontestée. Le reste du temps, il dispose des mêmes richesses que ses compagnons et de la même quantité de nourriture que chacun.

Le capitaine est subordonné par un quartier-maître. Celui-ci intervient pour veiller à la bonne distribution des vivres et du butin après le pillage d’un navire. Il porte également la mission de veiller au respect des règles établies.

Enfin, le code des pirates prévoit pour ses marins handicapés une prime. Par exemple, un marin qui serait devenu borgne ou porterait une jambe de bois, se voit recevoir une compensation. Les yeux, bras et jambes sont les attributs les plus touchés au combat chez les pirates.

La république Pirate de Nassau

La République Pirate de Nassau se trouve sur une île des Caraïbes, l’île de la Nouvelle Providence. Cette République a été formée à l’origine par des corsaires devenus pirates. Il ne s’agissait pas d’un État à proprement parler mais d’une République régie par ses propres lois et codes établis par les équipages pirates eux-mêmes. Ceux qui la composent sont donc des pirates, des corsaires déserteurs devenus pirates et des fugitifs échappés des colonies espagnoles environnantes.

La République de Nassau est située dans un endroit stratégique des Caraïbes et la présence de tous ces navires pirates nuit à l’activité des puissances commerciales en place. Les bandes de pirates sèment la terreur dans l’océan Atlantique. De nombreux navires sont pillés, des richesses volées, des prisonniers convertis à la piraterie. De nombreux otages capturés par les forbans sont des esclaves qui, après avoir été délivrés, deviennent eux-mêmes des pirates.

Un marché est conclu avec la République de Nassau en septembre 1717 pour que cesse leur activité criminelle et que reprennent les transactions commerciales. La chasse aux pirates est un défi difficile et rares sont les galions ou autre navire de guerre qui résistent aux équipages pirates, même les mieux armés.

Le pardon royal est promis à tous les hommes engagés dans la piraterie. En échange la reddition des pirates est demandée pour le mois de juin 1719.

C’est la fin de la République de Nassau.

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