Mardi 4 août 2015 :
Il n’est pas évident de s’exprimer sur le sujet du genre sans déclencher certaines passions. Dans le cadre de L’Hermione, il serait tentant de ne simplement pas aborder le sujet. Car il ne s’agit, en réalité, pas d’un sujet à bord. C’est un simple fait.
Cela nous semble évident à tous que l’équipage soit mixte. Deux des 4 postes professionnels les plus importants à bord sont occupés par des femmes. Un maître sur trois est une femme. Un tiers des volontaires sont des femmes.
Aucune différence concrète n’est faite entre filles et garçons. Tout le monde participe à toutes les tâches du bord, qu’il s’agisse de prendre un ris sur les huniers comme de faire la vaisselle, de faire de la menuiserie comme de la couture, d’étarquer sur une cargue comme de laver les sanitaires. Certains boulots sont plus difficiles pour les petits gabarits, hommes comme femmes. Et sur une vergue ou à la manœuvre, la force physique d’une seule personne ne change rien, seul l’effort collectif fonctionne. Certaines femmes ont d’ailleurs bel et bien plus de force que certains hommes. Hors quart, femmes et hommes partagent les mêmes postes, mangent et dorment les uns à côtés des autres, partagent les mêmes sanitaires et se brossent les dents côte à côte.
Tout simplement, parce que tous sont surtout des volontaires, un équipage, des gabiers et des gabières. Le monde est mixte, il serait aberrant que L’Hermione ne le soit pas. Et à bord, tout le monde fait tout.
Pour autant, aborder le sujet a son intérêt. La mer est un monde d’homme, dur à l’égard des femmes qui « portent malheur » sur un bateau. Encore récemment, en 2015, la phrase est revenue plusieurs fois dans les questions et réflexions de visiteurs. Lorsqu’on se trouve à bord de la frégate, au milieu de cet équipage, elle semble venir tout droit du 18ème siècle, aussi anachronique que nos canons aujourd’hui. Il ne fait aucun doute que cette expérience aura détruit bien des préjugés chez certains.
Pour ce qui est des nouvelles du bord, la journée a été bien remplie avec la fin du passage de la dépression ce matin, puis divers travaux : Anne et des volontaires ont ainsi réparé une zone déchirée de la civadière et retouché la ralingue de la voile d’étai de grand hunier, puis le tiers milieu s’est occupé de remettre à poste la vergue de grand perroquet, descendue avant le coup de vent.
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