Jeudi 16 octobre :
Après une soirée de mercredi passée à observer un orage au loin en se demandant s’il allait arriver ou pas, le jour s’est levé alors que L’Hermione approchait de la baie de Douarnenez. L’occasion d’un premier mouillage afin de décider de la suite du programme.
Le Commandant souhaitait en effet profiter de l’abri naturel offert par la baie pour effectuer un premier essai de virement de bord face au vent. Après quelques heures de pause, l’ancre est levée afin de ressortir de la baie car les conditions sont annoncées mauvaises pour la suite des évènements.
Une prévision qui se confirme, avec même plus de 12h d’avance : dès la sortie de l’abri, le vent se lève brutalement et souffle jusqu’à 42 nœuds ! Il faut carguer en urgence la grand voile, l’artimon et la misaine. L’équipage presque complet se met en branle et l’opération est effectuée avec une efficacité impressionnante. Il s’agit d’un ballet magnifique qui montre l’incroyable faculté d’adaptation des volontaires. En quelques jours, nombre d’entre eux connaissent les « points de tournages » (les points où sont tournées – fixées – les manœuvres – les cordages). Il y a pourtant près de 250 manœuvres sur L’Hermione et comprendre le rôle de chaque cordage, apparaît comme une tâche titanesque à un novice.
On effectue ensuite un virement lof pour lof pour aller jeter l’ancre dans la baie de Camaret pour la nuit.
La nuit est justement un univers particulier à bord de L’Hermione. Les bruits semblent plus feutrés. Les minutes rythmées par les craquements du bois et le ronronnement des machines à l’intérieur, par le bruit des vagues à l’extérieur. Mais aussi par le travail qui ne s’arrête jamais. On entend le cliquetis des mousquetons qui proviennent des haubans, les « ho-hisse » des gabiers, les ordres des chefs de tiers qui apparaissent improbables à une oreille novice « choque l’amure tribord, reprend l’écoute bâbord » où « tourne la cargue point ». Sous les étoiles, et encore plus par nuit noire, L’Hermione devient un univers de sons. Même les lampes frontales sont proscrites sur le pont, à l’exception d’un bref flash de temps en temps du chef de tiers qui vérifie l’avancée d’une manœuvre ou le réglage des voiles. Et parfois, afin d’assurer plus de réactivité ou de facilité la tâche de l’équipage, les feux de hunes sont allumés. Le spectacle est alors fabuleux pour les yeux, et vaut le sacrifice de quelques minutes sous un ciel un peu moins étoilé.