26 et 27 mai 2015.
Il y avait des bruits de coursives, bien sûr. Nous savions que notre route nous faisait frôler les Bermudes. Mais nous espérions apercevoir l’archipel, au mieux nous y arrêter pour un mouillage. Et finalement la bonne nouvelle est tombée : nous allions y faire un arrêt rapide, à quai.
Après trois semaines de mer, nous avons donc posé le pied à terre vers 10h du matin mardi pour une escale express dans un petit coin de paradis perdu au milieu de l’Atlantique.
Il s’agira pour beaucoup d’entre nous d’un souvenir inoubliable : un village évoquant les caraïbes, une mer turquoise, transparente, une crique, une plage, un lieu ouvert dans la soirée spécialement pour nous par un propriétaire à l’image de son île, accueillant. Une bouffée d’oxygène bienvenue après notre longue traversée et avant un programme américain qui s’annonce chargé.
Cet arrêt imprévu ne manque d’ailleurs pas de sens dans le contexte historique de L’Hermione. Ancienne colonie britannique aujourd’hui membre du Commonwealth, les Bermudes ont en effet joué un rôle dans la révolution américaine en fournissant 100 barils de poudre noire aux rebelles menés par Georges Washington en échange de la levée de l’embargo instauré par les Américains envers les colonies. Tobacco Bay, où nous avons passé une bonne partie de l’après-midi et de la soirée, est ainsi reconnue comme l’un des points majeurs de cette « conspiration de la poudre noire ». Lors de sa traversée avec La Fayette, Latouche, le commandant de L’Hermione, savait donc qu’en cas de besoin L’Hermione serait la bienvenue dans l’archipel. Avec 235 ans de retard, la frégate aura donc finalement accepté la proposition.
Puis à 8h ce matin, nous repartions avec des souvenirs pleins la tête et des fruits et légumes frais dans les filets suspendus dans la batterie. Une fois l’étroit chenal franchi, nous retrouvions une mer agitée et des vents soufflant jusqu’à 30 nœuds. De quoi nous permettre une pointe à 11,2 nœuds en début d’après midi.