Vendredi 24 avril : un peu de voile, un peu de détente
La journée a commencé fraichement mais sans moteurs. Un plaisir de navigation qui n’a pas duré très longtemps, puisque la direction du faible vent dans la matinée nous a imposé un redémarrage des groupes électrogènes et des propulseurs.
L’équipage s’est donc consacré aux activités d’entretien de L’Hermione, d’aménagements des postes, de voilerie, etc… Ici un groupe effectuait un exercice de secours d’un blessé dans la mâture, là d’autres se consacraient à la réfection d’un coffre pour la grande chambre. La musique s’échappaient de divers endroits du bateau, au rythme des scies et machines en provenance de l’atelier de charpente.
Les activités du « comité culturel » continuent pour occuper l’équipage. Aurélien, le forgeron du chantier désormais gabier à bord, a notamment donné une leçon de philosophie puis, Jens, le bosco, a donné de sa personne en offrant un cours de croquis avant de poser pour les volontaires souhaitant s’entrainer.
En milieu d’après-midi, la météo a de nouveau justifié l’établissement de toute la voilure pour une navigation au près. Mais nous nous éloignions de notre route idéale et, en début de soirée, il a fallu carguer à nouveau la voilure et relancer les moteurs.
Devant ses cartes météos, le commandant était dépité : « Dès qu’on arrive, le vent se met au Sud-Ouest et nous empêche d’aller où on veut aller. Les fichiers météo ne fonctionnent pas. Le problème c’est qu’ils se basent sur des données des dernières décennies et que le changement climatique a déréglé tout ça. En ce moment même, des informations datant d’il y a 4h me disent que le vent devrait être au 270. Tu peux sortir sur le pont, il est au 200 ! L’anticyclone des Açores n’est pas là où il devrait être et je suis coincé entre une dépression avec des vents de 30 à 40 nœuds d’un côté et les côtes marocaines de l’autre. Et entre les deux j’ai le vent de face. Si j’essaye de tracer une route, il y a une chance sur deux pour que les vents d’Ouest que je cherche soient en réalité du Sud-Ouest quand j’arrive… C’est de la diablerie ! ». S’il conclut avec un sourire, c’est qu’il sait que nous avons encore une marge, que nous serons dans les temps aux Canaries.
Mais c’est ici le marin passionné de voile qui parle, celui qui était sur le pont cet après-midi à observer les 1800 m2 de lin frémir tout en donnant un cours de navigation au près aux volontaires à proximité. Celui qui d’un haussement de sourcil calcule que nous arrivons à remonter jusqu’à 54° du vent et qui énonce une nouvelle fois cette vérité toute simple sur la frégate : « c’est incroyable ».