Le tout premier quart de nuit est toujours, pour chacun, une aventure.
Il y a d’abord le réveil, à minuit ou quatre heures du matin, et cette impression d’être tiré d’un voyage lointain et profond par une voix inconnue qui annonce la météo avant de compter jusqu’à trois…
Et d’inonder le poste de lumière crue.
Se lever, s’habiller en mode automatique, un chrono dans la tête. Ne pas être en retard, ne pas être en retard. Avaler un fruit et quelque chose de chaud avant de faire LE pas, le premier pas dehors, dans la nuit.
Ce pas-là, dans le noir et le vent, le frais, souvent, on le fait encore aveuglé par les lumières du dedans. Il en faut de la vaillance, pour se jette dehors, à tâtons… Sur ce pont qui valse, avec la mer autour. Heureusement cette nuit, cette première nuit de la navigation 2019, les étoiles nous attendent. On s’y accroche et on y va.
On avance. On escalade les rampes vers le gaillard où le tiers précédent attend la relève. Et peu à peu, le noir se creuse, se sculpte, des voiles se découpent sur le ciel, des cordages sur les ponts. Des voix murmurent, on reconnait des silhouettes. Doucement la nuit se « lève », s’éclaire. Elle devient intelligible.
Sandrine, gabière, pour l’équipage Hermione