Nous avons appareillé de Douarnenez juste après le lever du jour afin de nous diriger vers la rade de Brest.
Si la sortie de la baie s’est faite tranquillement, vers midi nous avons décidé de faire quelques images du bateau le long des côtes bretonnes, lors du passage devant les Tas de Pois puis le Pohen, l’une des Roches du Toulinguet.
L’occasion de faire un exercice de « MOB » (man over board, ou homme à la mer) avec sortie de l’annexe pour les tribordais, et de réaliser quelques clichés dans une atmosphère mémorable. Ciel lourd, roches saillantes et frégate du 18ème siècle se marient à la perfection…
Nous sommes entrés ensuite dans la rade de Brest vers 14h15 pour finalement être amarrés à la Penfeld à 16h. Une dernière photo de groupe avant le départ d’une trentaine de volontaires, puis l’équipage prenait le rythme « à quai ». Les tiers sont donc divisés entre service, renfort et dispo. Le tiers de service l’est de 18h à 18h, le lendemain, et s’occupe de toutes les tâches de gestion à bord (contrôle de la coupée – l’accès à bord – aide en cuisine etc…). Celui de renfort doit être à bord de 8h à 18h et travail sur le pont jusqu’à 15h (réparations, travaux sur les cordages et dans la mâture…). Le tiers en disponibilité est, quant à lui, libre de ses mouvements.
La soirée était ainsi l’occasion de partager un dernier verre avec les volontaires débarquant et quelques uns des futurs arrivants. Il s’agit aussi d’un moment idéal pour tisser des liens entre volontaires, et discuter de l’expérience dans son ensemble. Des rêves, des envies, des moments de plaisirs que nous procure L’Hermione, mais aussi des moments plus difficiles, et des inquiétudes de certains sur la suite. La vie à bord est une telle bulle, et une expérience tellement unique, qu’il apparaît difficile à une partie des volontaires de se ré-adapter à une vie plus normale ensuite. Aussi excitante qu’elle soit, l’idée de la traversée l’année prochaine est donc, parfois, une source d’inquiétude. Mais c’est aussi cette incertitude qui rend l’expérience intéressante. Presque tout le monde à bord voit le voyage comme l’occasion d’opérer un virage dans sa vie, de se sortir de sa zone de confort et de repousser ses limites. Et l’exploration de ces zones grises est ce qui fait de L’Hermione une expérience fondamentalement humaine. Avant d’être un bateau ou un projet de voyage, la frégate est un équipage. C’est probablement la raison pour laquelle les relèves sont un moment si étrange.