Lundi 20 avril
Les températures ont grimpé d’un petit cran, le soleil brille, la mer est belle. La journée a commencé en beauté avec la présence à nos côtés, lors du lever de soleil, d’un des navires les plus modernes au monde.
La frégate Provence, tout juste sortie de son chantier, avait en effet décidé de se détourner quelques minutes de sa route pour une séance photo hautement symbolique à nos côtés.
La Provence porte en effet le même nom qu’un vaisseau de 64 canons qui a combattu aux côtés de L’Hermione lors de la bataille de Chesapeake en 1780. Nous avons ensuite salué la frégate qui reprenait sa route, au pavillon mais également avec 3 coups de canons. Désolé pour les dormeurs…
Une fois ces festivités passées, il était temps de se mettre au travail. Car si les conditions du jour étaient idylliques, nous nous approchons d’une zone de dépression importante. Et malgré l’allumage de moteurs dans la matinée pour tenter de gagner du terrain sur elle, nous devons nous préparer à potentiellement affronter du gros temps. Les tiers se sont donc relayés pour guinder tout le gréement dormant (retendre les cordages qui maintiennent la mature en place), prendre des ris dans les huniers, rabanter (serrer contre la vergue) les perroquets et mettre le pont au clair.
Comme vous le verrez dans la vidéo, l’ambiance au travail était aussi efficace que détendue. Partout sur le pont les gabiers avaient le sourire et blaguaient tout en préparant le bateau. Ceux qui n’étaient pas de quart ont profité du beau temps sur le pont, en jouant de la musique, se reposant, lisant…
A 19h ce lundi, le bateau était prêt à affronter un grain. Et la plupart des gabiers également. A la question « est-ce que vous êtes content si on prend du mauvais temps ? », les réponses fusent globalement toutes dans le même sens : « tant que je suis pas malade » me lance-t-on, « carrément, c’est aussi pour ça qu’on a signé » renchérit un autre, « je n’en ai pas pris aux essais, donc oui » avance un troisième.
Du côté des américains du bord, deux sons de cloche se font entendre. Adam, qui s’habille au quotidien en habits d’époque qu’il confectionne généralement lui même (nous aurons l’occasion de reparler de ce gabier, véritable personnage emblématique de l’équipage) me répond « tout le monde me demande pourquoi je porte de la laine. C’est pour ça ! Donc oui, je suis content s’il y a un grain. » De son côté, Woody est plus tempéré : « quand j’avais moins d’expérience, j’étais content d’avoir du mauvais temps. Maintenant, je préfère être au soleil avec le vent dans le dos ! ». Pour autant, personne ne semble inquiet, même si certains savent que monter dans la mâture de nuit au milieu d’une dépression n’est pas ce qu’il y a de plus reposant: « pas de soucis si on a un grain, tant que c’est pas pendant mon quart », plaisante un gabier qui profite des derniers rayons de soleil sur le gaillard d’avant en éclatant de rire.
Côté navigation, nous avons filé plein Ouest durant la matinée et piquons actuellement vers le cap Finisterre. Moteurs en route, avec 14 nœuds de vent, nous avançons à environ 8 nœuds.
Hommage aux disparus en Méditerranée
« Nous sommes tous dans la peine. La solidarité est en mer une valeur absolue avec laquelle on ne peut pas transiger »
Erik Orsenna, président de la Fondation Hermione
Benedict Donnelly, président de l’association Hermione-La Fayette