Dernière escale à Brest de ces essais en mer avant le retour à Rochefort. Le beau temps était encore avec nous samedi jusqu’en fin d’après midi, ce qui a permis à l’équipage de s’occuper avec des activités variées d’entretien courant du bateau : calfatage, lavage du pont, de la coque et des tiers, rangement…
Puis Dominic, le chef de tiers tribord, a organisé un petit cours sur la navigation, la lecture de cartes et l’établissement d’un cap (en prenant en compte les décalages avec le Nord véritable, les courants, la dérive du vent etc). Après le repas, c’est Jens, notre bosco (maître d’équipage, en clair, le coordinateur du travail de l’équipage et des manoeuvres) suédois, qui a pris le relais pour une leçon sur le fonctionnement d’une voile puis certaines manœuvres propres aux navires à phare carré. Fort d’une immense expérience, notamment sur le trois-mâts suédois le Götheborg, lors de sa navigation entre la Suède et la Chine, il a illustré ses propos à grands renforts de photos et croquis sur tableau noir devant plus d’une vingtaine de volontaires et quelques pros.
Durant les escales, l’ambiance à la fois studieuse et détendue qui règne à bord est particulièrement agréable. Les plaisanteries fusent, les discussions s’enchaînent avec le reste des gabiers comme avec les officiers ou le Commandant.
Les repas à l’extérieur se font en grandes tablées et se terminent régulièrement par une interprétation – plus ou moins – réussie d’un chant de marin (il faut dire que « Le grand coureur » a 12 couplets…). Même à terre, cet équipage mixte et éclectique en âges, professions ou parcours, reste un équipage. Alors quand des gabiers passent par là, on rajoute des tables, des chaises, on se serre un peu et on mange tous ensemble. On parle de nos parcours (« Vraiment ? T’es meunier en Côte d’Ivoire ? »), on tente d’imaginer le voyage aux Etats-Unis (et cette arrivée à New-York qui fait exploser des étoiles dans les yeux de tous), on parle des grains de ces essais (« la Manche c’était fou, 6 mètres de houle, 40 nœuds de vent et on est monté pour rabanter les huniers, c’était génial ! » ), du travail qui nous attend avant le retour à Rochefort et de nos projets de cet hiver (« tu seras sur le chantier, toi ? »). Le Commandant nous raconte le Belem, l’Etoile et, évidemment, L’Hermione.
Après la construction, ces essais en mer étaient une préface au deuxième tome dans l’histoire de L’Hermione. Bien qu’il nous reste encore quelques lignes à écrire avant de conclure, approcher de la fin nous pousse, plus que jamais, à regarder vers l’avenir. Et, du plus jeune des gabiers au plus aguerri des marins, les yeux de tous à bord, pétillent d’impatience.