9h – Poste de manoeuvres.
L’équipage se prépare à appareiller après avoir fait place net. Les canons sont chargés, les coupées (les passerelles d’accès à bord) remontées. Le public est venu nombreux nous faire un dernier au revoir.
Pour les saluer, l’équipage chante, entraîné par Stéphane, chef de tiers, et Jens, bosco, en tenue d’époque. Tout le monde est sur le pont et s’active avant que les choses sérieuses ne démarrent, à 10h30. Même si le vent est faible, quelques voiles sont envoyées, surtout pour le plaisir des yeux du public.
Puis quelques instants avant d’appareiller, ceux qui viennent d’arriver à bord découvrent le véritable son de L’Hermione : la 25ème symphonie de Mozart. « Tu vas voir, à chaque escale ou dans les gros grains, le Commandant met ça sur les hauts parleurs, ça ou les Walkyries », m’explique-t-on.
« SALVE ! » : l’ordre est lancé et la première des 100 détonations prévues d’ici notre sortie de l’estuaire claque. Les uns après les autres, les canons crachent étincelles et fumée dans une explosion qui vient interrompre Mozart. La scène est surréaliste, magique.
Tout ceux qui le peuvent grimpent dans les haubans, sur les hunes ou sur les vergues et profitent de ce départ, du spectacle de Bordeaux qui défile enfin sous nos yeux. Tous les visages sont barrés par d’immenses sourires.
Quelques milles plus loin, un grain a la bonne idée de venir nous rafraichir les idées alors qu’une partie du tiers Tribord est sur la vergue de grand hunier pour le serrer, encore en pantalons et t-shirts. De leur côté, les bâbordais grimpent également pour s’occuper du hunier de misaine, mais ils ont au moins eu la possibilité d’enfiler les cirés avant de monter…
Les voiles sont toutes serrées, le soleil est désormais revenu et nous filons vers la mer. Petit à petit, on commence à changer d’état d’esprit. Désormais, les vies s’organisent en périodes de 4h. Et la météo ne devrait pas nous épargner dans les prochains jours. Mais c’est enfin parti.